Entrevue avec Philippe Charron – Le président épicurien de Flextherm

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lme47_fa_1_charron400.jpg21 novembre 2016

Line Goyette

Flextherm, une entreprise de la banlieue sud de Montréal qui se spécialise dans la conception, la fabrication et la mise en marché de systèmes de planchers chauffants a vu le jour il y a 25 ans. Une fête à la hauteur des espérances et des ambitions du président fondateur, Philippe Charron, réunissant clients, distributeurs et employés a  souligné l’été dernier ce moment charnière. Modeste à ses débuts, née de la passion d’un innovateur, Flextherm compte aujourd’hui près de 50 employés, exploite une usine moderne et novatrice de  plus de 50 000 pi carrés et est fière de son département de recherche et développement. Ses produits sont vendus partout au Canada et aux États-Unis. À la tête de l’entreprise depuis ses débuts, Philippe Charron, un épicurien, touche-à-tout, amoureux du détail, résolument tourné vers l’innovation et la performance. Nous l’avons rencontré dans les locaux de l’entreprise.

 

Q. Comment est née l’idée de Flextherm?

R. L’idée a germé quand j’avais 28 ans. J’avais eu une entreprise d’irrigation, je faisais de la menuiserie, de la mécanique. Je suis un touche-à-tout, je veux tout comprendre et expérimenter. À l’époque je travaillais dans les plafonds chauffants chez un distributeur. La compagnie a fermé ses portes et j’ai commencé à imaginer comment avec un câble et d’excellents produits isolants on pouvait contrôler les températures. D’innovation en innovation, l’entreprise s’est développée. À 30 ans on ne connaît pas grand-chose, mais je suis une personne qui a toujours eu beaucoup d’idées. Je n’ai pas de diplôme universitaire, mais j’ai toujours aimé toucher à tout. Jeune, je faisais et défaisais tout ce qui était mécanique ou électrique autour de moi. Je voulais comprendre comment les choses fonctionnaient et trouver comment les améliorer. C’est comme ça que sont nés les planchers chauffants, un produit qui au départ parait simple, mais que nous avons perfectionné.

Q. Votre plus grand défi depuis 1991?

R. S’entourer. Quand tu as de bonnes idées et un bon projet, tu peux trouver l’argent, mais s’entourer des bonnes personnes c’est plus difficile. Comme patron, il faut s’assurer que l’environnement de travail est sain et qu’il permet la croissance de l’entreprise. Si vous n’êtes pas entouré des bonnes personnes, il faut savoir les accompagner vers un autre défi.

Q. Dans votre parcours qu’est-ce que vous avez trouvé le plus stimulant.

R. Faire les choses différemment. Pour moi les choses méritent d’être faites une fois et bien faites pour durer longtemps. Le plus stimulant dans tout ça, c’est la créativité, je trouve qu’on a beaucoup de difficulté à sortir de nos façons de faire. Une constante pour moi dans mon parcours est la relation gagnant-gagnant. Pour durer, il faut être juste et équitable. Il faut aussi s’adapter et innover.  La technologie nous propulse vers de nouveaux modèles d’affaires et on peut faire les choses différemment. Quand j’ai démarré mon entreprise, on avait 2 ou 3 modèles, on fréquentait les salons, expositions, on annonçait dans les magazines. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus vaste et la visibilité est plus pointue que jamais. L’approche client a changé. C’est un gros défi pour les entreprises, avoir des stratégies le plus efficaces possible dans un monde en mouvement, les changements sont très rapides. Aujourd’hui dans un département marketing tu as besoin d’un spécialiste des  médias sociaux, un spécialiste internet, etc., toutes des spécialités qui n’existaient pas il y a 20 ans.

Q. Comment conjuguez-vous votre vie privée avec votre vie d’entrepreneur?

R. Ma base de vie c’est d’avoir du plaisir. Je suis la même personne dans la vie privée et au travail. J’ai organisé la fête de l’entreprise dans ses moindres détails : les invités, la présence de tous les employés, le son, la nourriture, même l’arrivée de la pleine lune au-dessus de la scène au début du spectacle!  Ma retraite à la campagne, je l’ai construite moi-même avec ma conjointe. On a choisi les matériaux, construit la maison, emménagé le terrain. Nous avons tout fait. Là aussi c’est important de créer et d’innover. Je n’ai pas la chance de lire autant que j’aimerais, mais je voyage un peu et là aussi je me donne complètement. Il y a deux ans, ma conjointe et moi avons fait le camp de base de l’Everest.  L’été dernier, 11 jours dans les fjords du Groenland en autonomie complète. Nous préparons présentement un voyage dans les îles sauvages de l’Indonésie en goélette. Le téléphone cellulaire ne rentre pas dans ces endroits, il faut décrocher. Je préfère les voyages d’aventure aux voyages organisés, c’est plus demandant mais beaucoup plus rafraichissant pour la tête.

Q. Vos enfants (deux filles et un garçon) participaient à la fête organisée pour souligner les 25 ans de l’entreprise. Font-ils partie de la relève de votre entreprise?

R. Non, contrairement à beaucoup d’entrepreneurs je n’ai pas de plan de relève familiale pour la compagnie. Je considère que j’ai eu de la chance de ne partir de rien, j’ai pu grandir avec mon entreprise. C’est une grosse responsabilité de prendre la place de quelqu’un d’autre. Je ne suis pas certain que si mon père avait démarré cette entreprise il y a 30 ans j’aurais pris sa place. À mes enfants je dis que l’important c’est de faire ce qu’ils aiment, de faire des choix pour être heureux.

Si j’avais fréquenté l’université ou si j’avais eu une formation académique technique et en gestion des affaires, j’aurais probablement vécu moins d’isolement. Heureusement, il existe des regroupements d’entreprises qui nous aident à relever des défis, à mieux aiguillonner nos tirs. J’ai pris des cours d’entrepreneuriat il y a quelques années pour améliorer mes talents de gestionnaire et apprendre à être un meilleur coach. J’y ai aussi appris que mes idées valaient celles des autres. J’y ai acquis beaucoup d’assurance et de leadership. C’est ce que j’aimerais que mes enfants découvrent par eux-mêmes, ce qui leur donnera cette assurance et ce goût de se perfectionner.

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