Stephanie Medeiros – Jeune leader passionnée des énergies renouvelables

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EIN-Medeiros-ABB-2-400.jpgBlake Marchand

24 octobre 2019

Stephanie Medeiros dirige l’équipe Infrastructure de recharge de véhicules électriques d’ABB Canada, ainsi que celle pour la recharge des autobus urbains aux États-Unis et au Canada. Elle a occupé divers postes chez ABB pendant 10 ans, accumulant un ensemble de compétences variées et des expériences de travail dans le monde entier.

Après avoir obtenu son diplôme en génie électrique de l’Université McGill, Medeiros a fait ses débuts dans l’industrie en tant que stagiaire en génie électrique auprès du gouvernement canadien. Elle s’est alors rendue au Pérou pour y participer à améliorer leurs infrastructures de traitement de l’eau. Cette expérience a été inestimable pour Medeiros. Elle y a appris beaucoup de choses sur le leadership et y a développé son point de vue sur ce que signifie le leadership dans une autre culture.

« Dès que j’ai obtenu mon diplôme, j’ai pensé qu’il était vraiment important de prendre du temps et d’utiliser les compétences que j’avais acquises pour faire quelque chose de bien », nous a dit Medeiros. « On m’a envoyé dans différentes villes du Pérou pour optimiser leur circuit d’alimentation en courant continu, mais avec l’intention d’améliorer leur alimentation en eau potable. La majorité des villes du Pérou tiraient leur eau de puits souterrains. Les villes disposaient donc de systèmes de moteurs à courant continu et de pompes pour extraire cette eau du sous-sol. »

« Comme les villes se situaient en régions isolées et qu’elles n’avaient pas accès à des ingénieurs électriques et à ce type de travailleurs qualifiés sur une base régulière, leurs systèmes étaient vraiment désuets. Beaucoup de villages dans lesquels je suis allée n’avaient accès à l’eau potable que deux heures par jour, car leurs systèmes n’étaient pas optimisés. »

« Ma tâche consistait essentiellement à visiter chacune de ces villes et, en utilisant les compétences que j’avais acquises en tant qu’ingénieur électricien et ma connaissance des moteurs à courant continu, à optimiser ces circuits. L’objectif était d’augmenter l’accès à l’eau de deux heures par jour à 12 heures. »

Le travail, gratifiant d’un point de vue humanitaire, a également fait bénéficier Stephanie d’une multitude d’expériences de qualité. En termes d’expérience technique en optimisation de ces systèmes, mais également en leadership et en gestion. Le fait qu’elle soit une femme et jeune qui plus est, a parfois représenté des défis pour faire sa place en tant qu’experte dans ces communautés. « Dans chaque ville où je me rendais, la première semaine ou à peu près, cela représentait un défi, a-t-elle expliqué. En gros, j’étais censée être l’experte. Lorsqu’il y avait des tâches que je ne pouvais assumer seule, on m’assignait des ouvriers et je devais refaire mes preuves dans chaque ville et parfois, ajoute-t-elle, certaines villes étaient plus réticentes à m’écouter. »

Il a lui fallut pas mal de patience pour les convaincre de faire confiance à son expertise. Malgré le défi, ce fut une expérience positive et enrichissante. « J’ai beaucoup appris sur moi-même et sur le leadership », a-t-elle noté.

« Une telle expérience est vraiment un cours intensif en accéléré. Chaque fois que je vais dans un nouveau pays, et en particulier dans des pays ou des cultures qui n’ont pas l’habitude de voir des femmes sur le marché du travail, vous n’avez pas d’autre choix que de trouver des moyens créatifs pour y arriver. »

Après son voyage, elle a décroché un emploi chez ABB en tant qu’ingénieure de projet à Montréal où son travail comprenait la conception et la mise en service des composants de sous-stations. Un rôle particulièrement intéressant pour Stephanie car c’était un travail très technique. Étant donné le stade qu’elle avait atteint, occuper son premier poste d’ingénieure lui a permis de s’appuyer sur son expérience de travail au Pérou et de développer une base technique solide en menant des travaux sur le terrain à travers le Canada.

Medeiros finira par occuper un poste de gestion de produits, toujours à Montréal. Comme ce poste l’amènait également à l’étranger, elle trouvait intéressant, tant sur le plan professionnel que personnel, de vivre et de travailler dans d’autres pays, ce qui lui permettait de mieux apprécier d’autres cultures en les découvrant directement.

Son nouveau poste comprenant autant la gestion que les aspects de marketing, elle est donc retournée à McGill pour obtenir un diplôme en gestion / marketing. Poursuivre ses études se démontra bénéfique car cela la conduira à d’autres postes de direction au sein de la société.

Actuellement, Medeiros dirige l’équipe Infrastructure de recharge de véhicules électriques d’ABB pour le Canada. Aux États-Unis, elle dirige l’infrastructure électrique pour les autobus de transport en commun.

« De mon point de vue, ce que je fais chez ABB aide à créer un monde meilleur et plus durable pour tous, et au bout du compte, c’est ce qui me motive », car il y a toujours des défis à relever. Stephanie nous dit qu’elle était motivée par la vision globale associée à ce qu’elle réalise chez ABB Canada.

Pour Stephanie, c’est une période passionnante, car l’industrie des véhicules électriques est sur le point de basculer. « Un ou deux pour cent des véhicules au Canada sont électriques, mais vous allez voir que cela va changer rapidement. Différents facteurs y participeront, mais pour en faire une réalité, il est nécessaire de disposer d’une infrastructure de chargement déployée. L’un des facteurs en cause est l’établissement de normes ainsi que l’adoption d’une méthode uniforme de recharge. En fin de compte, construire un paysage qui ressemble beaucoup à celui de la combustion interne. »

Par exemple, il y a quelques années à peine, la charge rapide était considérée comme une puissance de 50 kW, alors qu’ABB installe aujourd’hui des chargeurs de 350 kW capables de recharger une voiture en huit minutes, comparé à quatre minutes pour faire le plein avec une voiture à essence.

« Ce qui se passe actuellement dans le secteur, », a-t-elle précisé, en se référant en particulier à la charge rapide pour les bus électriques, « c’est la multiplication de types de chargeurs [rapides]. Si vous réfléchissez sur un plus long terme, ça n’a aucun sens d’avoir plusieurs types, car vous n’avez pas d’interopérabilité. »

L’interopérabilité est la clé de la progression des véhicules électriques. En tant que nouvelle technologie, l’industrie n’a pas opté pour une méthode universelle optimale. Cela est essentiel car cela augmente les risques pour les investissements des fabricants, des municipalités et des sociétés de transport en commun.

« Ce type de conversation a lieu actuellement et ces normes sont en cours d’élaboration », a-t-elle ajouté, ce qui en fait une période passionnante pour le secteur, alors qu’approche un tournant dans l’adoption du transport électrique.

La SAE (Society of Automotive Engineers) présentera une nouvelle norme de recharge des autobus qui aura des conséquences énormes sur l’orientation de l’industrie. Une norme qu’ABB et Medeiros elle-même ont contribué à mettre au point.

« Pour moi, c’est très excitant, car c’est l’avenir de la mobilité électrique et j’ai pu contribuer à l’initiative globale que constitue la nouvelle norme en matière de recharge aérienne des autobus. » a-t-elle précisé, « comme il s’agit d’une nouvelle industrie, les choses évolueront très rapidement une fois dépassé le seuil critique, ce qui entraînera une augmentation du nombre de voitures électriques et de bus électriques. »

« Les transports contribuent énormément aux émissions de CO2. Nous devons donc trouver des moyens de les réduire », poursuit-elle, « électrifier les transports… c’est essentiel et cela fera une différence considérable. »

La nouveauté d’une telle technologie représente un défi en raison de la courbe d’apprentissage continue. Medeiros aborde la question en consacrant au moins 30 minutes chaque matin à la lecture sur les nouvelles tendances et technologies du secteur. « Vous devez vous tenir au courant et voir ce que fait l’industrie, ce que font les parties prenantes et les concurrents. Tout le monde travaille vraiment ensemble et ça va très vite. »

Medeiros a expliqué qu’un atout pour elle, compte tenu de l’évolution rapide du secteur, est le fait de pouvoir compter sur une équipe incroyablement diverse. Chaque fois que vous rencontrez un large éventail de personnes, vous trouvez des points de vue différents, ce qui vous permet de fournir les nouvelles idées et perspectives qui sont essentielles à l’innovation.

« Dans une équipe aussi diversifiée telle que celle d’infrastructures de recharge de véhicules électriques ABB Canada, tous apportent des points de vue précieux qui sortent des sentiers battus. Cela aide vraiment dans ce contexte. »

Medeiros a travaillé sur de nombreux projets uniques et intéressants à un moment excitant pour le secteur, contribuant par exemple à la norme SAE susmentionnée. Cependant, l’une de ses plus grandes réalisations selon elle, est la co-fondation d’un programme ABB Canada appelé le groupe Excelle.

Le groupe Excelle fait la promotion de la pluralité des genres chez ABB Canada en organisant de petits et grands événements avec la participation de conférencières, des tables rondes avec des femmes de divers secteurs, des discussions dirigées et du maillage. Selon Medeiros, le service des ressources humaines d’ABB Canada a mis en place de nombreuses initiatives pour soutenir les femmes dans les domaines des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques. Le groupe Excelle est un moyen de travailler aux côtés de ces initiatives des RH et de poursuivre cette discussion importante. »

En tant que femme en sciences et technologies, Medeiros a vécu personnellement les défis auxquels elles sont confrontées sur le lieu de travail. Sans système de soutien composé de personnes partageant les mêmes expériences, il est facile de perdre confiance en soi et de se décourager.

« Je me suis sentie parfois seule au début de ma carrière », dit-t-elle, au point où elle remettait en question ses capacités. « Ces pensées surviennent vraiment, alors je ne veux qu’aucune femme – ni aucun homme, car je sais que cela arrive aussi aux hommes – puisse se sentir seul parce qu’il fait partie d’une minorité dans son domaine. »

« Le simple fait d’entendre les récits d’autres personnes et d’être en contact avec elles les incite à persévérer. La mise en place de ces systèmes de soutien contribue dans une large mesure à créer un environnement de travail productif. »

Medeiros a souligné qu’ABB Canada comptait de nombreuses femmes à des postes de direction, à commencer par leur présidente, Nathalie Pilon, « Nathalie est un excellent modèle pour de nombreuses entreprises des STEM, et même dans d’autres industries car il y a certainement un recoupement avec les défis qu’affrontent les femmes. » Et comme Medeiros l’a mentionné, le fait d’avoir une perspective différente est un atout majeur pour l’innovation.

Stephanie croit que le Canada est bien placé en ce qui concerne l’infrastructure de recharge de VE. Des provinces comme la Colombie-Britannique, l’Ontario et le Québec poursuivent de manière agressive leurs cibles en matière d’infrastructure de chargement et le Québec prévoit même construire 1 600 chargeurs rapides CC au cours des deux prochaines années. « Globalement, lorsque vous examinez la recharge de véhicules électriques au Canada, vous voyez un portrait idéal. »

En matière de recharge des autobus, de nombreuses organisations, ainsi que le gouvernement, accomplissent un travail remarquable. ABB est membre du Consortium canadien de recherche et d’innovation dans le secteur du transport urbain (CUTRIC), une organisation avec laquelle Medeiros a collaboré en tant que membre du conseil d’administration. Le consortium se concentre sur des projets de mobilité à faibles émissions de carbone au Canada. Ils étudient les batteries électriques, les piles à combustible et diverses technologies.

Stephanie explique que, le marché canadien étant relativement petit par rapport à celui des États-Unis, il constitue le cadre idéal pour des projets de démonstration. Ainsi, le projet pancanadien de démonstration et d’intégration des autobus électriques (actuellement en cours) illustre l’interopérabilité entre les fabricants d’autobus et de chargeurs, grâce à des véhicules de Nova Bus et des chargeurs de New Flyer Industries et les chargeurs OppCharge protocol du Groupe ABB et de Siemens Canada.

« Chaque fois que vous avez l’interopérabilité, cela augmente vraiment l’adoption », a ajouté Medeiros.

En ce moment, beaucoup d’innovations majeures façonnent notre avenir, que ce soient des programmes tels que ce Projet d’intégration pancanadienne ou des avancées technologiques. Il existe certes des obstacles à l’intensification de l’utilisation des véhicules électriques, depuis les systèmes de transport en commun jusqu’aux opérateurs de transport commerciaux. Stephanie signale quelques domaines qui seront cruciaux pour amener l’industrie à un point critique. Principalement, une politique publique et un leadership du gouvernement pour encourager et inciter les fabricants et les consommateurs.

« L’un des principaux rôles des décideurs est d’encourager et de faciliter le développement de l’infrastructure nécessaire en mettant en place des lois et des incitations allant dans ce sens », a-t-elle enchaîné, « il est crucial de faire passer l’infrastructure à une étape supérieure.»

Stephanie précise que la Norvège possède le plus fort taux de pénétration du marché des véhicules électriques, en grande partie grâce au leadership du gouvernement. La Norvège s’est engagée à installer des bornes de recharge à tous les 50 km et à mettre en œuvre d’autres mesures incitatives pour les conducteurs de véhicules électriques, telles que la recharge gratuite, le stationnement et l’accès gratuit aux routes à péage.

L’interopérabilité est un autre aspect crucial d’une adoption généralisée. Un manque d’interopérabilité complique le marché, de même que l’adoption d’une infrastructure, entraînant des coûts prohibitifs.

À plus court terme, l’augmentation du nombre de bornes de recharge aura un impact considérable, de même que la réduction du coût des véhicules électriques.

« Nous avons besoin de véhicules électriques plus abordables, nous devons également avoir plus de choix de véhicules », a insisté Stephanie, ce qui inclut un nombre croissant de véhicules disponibles.

Il y a plus d’options de VUS électriques que par le passé, mais leur prix doit encore baisser. Les améliorations apportées à la technologie des batteries joueront un rôle majeur dans la réduction des coûts. Au cours des 10 dernières années, le coût de la batterie a considérablement diminué, et cela devrait continuer.

En fin de compte, la pénétration croissante du marché repose sur l’abordabilité, les options et l’infrastructure nécessaire.

L’augmentation de la vitesse de charge et de la fiabilité constituera un facteur majeur pour les véhicules électriques industriels et commerciaux. Le transport de long parcours, les véhicules lourds et mi-lourds, par exemple, nécessiteront de meilleures batteries et un chargement plus rapide. Actuellement, les chargeurs publics existants peuvent atteindre 350 kW, mais l’industrie s’efforce d’atteindre 1 MW et plus.

« Cela va arriver plus tôt que vous ne le pensez », a-t-elle ajouté.

« De nombreux développements sont en cours et, encore une fois, il n’est pas question d’une entreprise ou d’une organisation en particulier, mais de l’ensemble du secteur: des services publics aux parties prenantes telles que les commissions de transport public, les exploitants, les fabricants, les associations, les gouvernements; tout le monde doit s’unir pour faire de l’électrification des transports une réalité.

La réduction des émissions de CO2 est clairement une question extrêmement urgente. Comme le dit Stephanie, les transports représentent environ 15 % des émissions de dioxyde de carbone dans le monde. À la lumière de rapports tels que le Rapport sur le climat changeant du Canada et le Rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1.5o C , nous devons nous engager à réduire considérablement les émissions pour protéger la planète et notre capacité à y vivre. Faire la transition vers les véhicules électriques est essentiel, parallèlement à l’augmentation des sources d’énergie renouvelables, à la réduction des émissions dans l’industrie manufacturière, etc.

Dans l’ensemble, Medeiros est optimiste quant à l’état actuel des véhicules électriques au Canada et des infrastructures pour leur recharge. Le portrait que présente le Canada est primordial pour stimuler l’industrie des véhicules électriques et c’est une période excitante pour être plongée dans l’industrie.

Non seulement en tant que femme qui réussit dans une entreprise technologique de pointe, mais aussi en tant que dirigeante qui a fait une carrière impressionnante dans un contexte de mutation rapide, elle est un formidable modèle pour tout jeune professionnel. Depuis le bénévolat dans des villages reculés du Pérou, son expérience au Moyen-Orient, le développement de normes avec des organisations internationales, jusqu’à la promotion de la mixité et de l’inclusion, elle a déjà mené une carrière incroyable, faisant preuve d’une ambition, d’une expertise et d’un leadership formidables.

Photo credit :  Marc-Andre Pichette, ABB

Blake Marchand est éditeur-adjoint pour le Groupe électrique des Publications Kerrwil

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