Augmentation de la main-d’œuvre qualifiée essentielle à l’électrification

EIN 21 Sones 125

3-octobre-2022

Par Keith Sones

« BIP, BIP, BIP! »

EIN 21 Sones 400Le téléavertisseur strident a brutalement rompu le silence de la nuit et du sommeil paisible dont je profitais. Immédiatement en alerte, je connaissais la procédure, jai sauté du lit et jai enfilé les vêtements qui étaient convenablement placés sur la chaise berçante à côté de moi en attendant la suite des événements. La voix austère mais calme du répartiteur a répondu à mon attente. « Avis aux pompiers de Lumby, il y a un accident impliquant plusieurs véhicules sur lautoroute 6, à trois kilomètres à louest de Cherryville. Je répète, il y a un accident impliquant plusieurs véhicules sur lautoroute 6, à trois kilomètres à louest de Cherryville. »

Puis, à nouveau, le silence. Le message avait été transmis. Il nétait pas nécessaire de perturber inutilement les ondes. Je suis descendu en courant aussi vite que mes jambes me le permettaient, jai ouvert la porte dentrée et jai couru jusquà mon camion, sortant de lallée en direction de la caserne de pompiers, où dautres personnes allaient se joindre à moi. Javais le sentiment que la nuit serait longue et jespérais que ladrénaline qui circulait dans mon corps me permettrait de tenir bon. 

La nuit a en effet été longue et pénible, remplie dactions rapides, de morts, de langoisse des familles et de chagrin général pour les vies perdues. Je ne vais pas entrer dans les détails, car jai déjà écrit au sujet de cette nuit. Si vous voulez savoir ce qui sest passé, cliquez ICI. Je suis rentré chez moi plusieurs heures plus tard, épuisé émotionnellement et physiquement, lurgence ayant disparu, seul avec mes pensées. Aurions-nous pu le sauver si nous avions fait quelque chose de différent? Si nous étions arrivés plus vite sur les lieux? Toutes ces questions auxquelles il ny avait pas de réponse, mais qui ne cessaient de me tracasser lesprit. Toutefois, comme pour toutes les situations de ce genre, le temps a passé et la vie a continué, la scène sanglante devenant finalement un simple souvenir. 

Des années plus tard, cétait une autre nuit de tempête, et une fois de plus, jai été réveillé dans la nuit. Cette fois, ce nétait pas une éruption de bruit qui ma réveillé. Cétait plutôt labsence de tout bruit. Le ventilateur que nous utilisions pour rafraîchir notre chambre sétait soudainement éteint, et je me suis réveillé en réalisant quil ny avait plus délectricité. Aucune lumière, aucun bruit, rien. Le silence. 

Un fort sentiment durgence sest manifesté. En temps normal, je serais retourné me coucher et jaurais attendu que la société de services publics rétablisse le flux délectrons dans ma maison. Cependant, cette fois-ci, je représentais cette société. Notre syndicat était en grève et, à titre de directeur des opérations, javais été mandaté pour travailler avec le reste de notre équipe afin de maintenir les lumières allumées pendant la durée du conflit de travail. Jai rapidement appelé lun des superviseurs de la région, jai convenu dun lieu de rencontre et je suis reparti dans la nuit. De nombreux clients étaient privés délectricité et, en labsence de nos travailleurs sur le terrain, il a fallu beaucoup de temps pour rétablir le courant chez les propriétaires frustrés et dans les entreprises. Puis, comme avant, lurgence était passée, et le rythme de la vie quotidienne reprenait son cours. 

Dans les deux cas, lorsque le téléavertisseur a sonné et que la nuit est devenue silencieuse, j’ai su quoi faire. Pour sortir les gens de leur voiture accidentée et rétablir le courant en cas de panne inattendue, il faut agir rapidement, travailler en équipe avec des personnes aux convictions similaires et bien formées, et savoir exactement ce quil faut faire pour réussir. Vous savez quand vous avez terminé votre travail, car vous savez précisément à quoi ressemble la situation lorsque vous avez terminé. La voiture semble avoir été attaquée par un énorme ouvre-boîte, et ses occupants ont été extraits. Votre travail est alors terminé. Pas délectricité? Il suffit de couper larbre se trouvant sur la ligne électrique, de remplacer le matériel défectueux, de fermer un interrupteur pour que les lumières sallument. Un succès assuré. Pourtant, cest bien plus déconcertant, voire effrayant, lorsque vous devez répondre à une urgence et que vous ne savez vraiment PAS quand vous aurez terminé ou même ce que vous devez faire.

Les années ont passé. À titre de gestionnaire de la sécurité pour un service délectricité, je me rendais à laéroport pour une « journée de la sécurité » régionale visant à célébrer le travail acharné des équipes locales afin que chacun puisse rentrer chez lui et retrouver sa famille tous les jours. Une action honorable et louable. La journée promettait dêtre bonne.

Jétais à environ huit kilomètres de laéroport lorsque le téléphone a sonné. En regardant lafficheur, je me suis demandé pourquoi mon patron mappelait à cette heure de la journée, ce quil faisait rarement. Présumant quil sagissait dune question dordre administratif, jai répondu.

« Où es-tu? » ma-t-il demandé.

« Je me dirige vers la journée de la sécurité dans le nord », lui ai-je rappelé.

« Fais demi-tour et reviens au bureau. Un hélicoptère sest écrasé. Des gens sont morts. On a peu de renseignements pour linstant. Tu vas devoir trouver un plan. »

Jétais abasourdi. Un accident dhélicoptère? Des morts? Cétait grave, vraiment grave. Jai fait demi-tour et me suis éloigné de laéroport. Après quelques minutes à laisser lidée de ce qui sétait passé menvahir, la peur sest manifestée. Égoïstement, ce nétait pas en raison de linquiétude pour les familles qui allaient bientôt recevoir de terribles nouvelles, même si cette pensée m’a mis dans tous mes états. Non, la peur concernait ma propre position. « Tu vas devoir trouver un plan ». Ses mots résonnaient dans ma tête. Un plan? Je connaissais peu de choses sur les hélicoptères. Bien sûr, jy ai passé de nombreuses heures au fil des ans, principalement pour chercher des itinéraires de lignes de transmission et des emplacements de sous-stations appropriés. Cependant, jétais un passager, et non un expert ou même quelquun de bien informé. Je savais que cet événement pousserait les gens à vouloir des réponses. Que ferons-nous pour que cela ne se reproduise jamais? Pourquoi cet événement sest-il produit? Et bien dautres questions encore. Javais le titre du poste, jétais la bonne personne à appeler, mais je nétais PAS la bonne personne pour répondre à ces questions. Comment pouvais-je assumer cette tâche, alors que tant de facteurs reposaient sur lobtention des bonnes réponses? Ça nallait vraiment pas être une bonne journée.

Quatre personnes ont péri ce jour-là. Un moment vraiment horrible. Ma peur initiale et mon souci égoïste de mon propre bien-être se sont vite transformés en une passion pour rectifier les choses. Je suis alors devenu lune des personnes exigeant les réponses aux questions ci-dessus. Même si je ne connaissais pas les solutions, je savais quil y avait des gens qui les connaissaient. Jai donc fait ce que je savais que je devais faire. Je suis parti à leur recherche.

Jai parlé à des pilotes, des mécaniciens, des régulateurs de sécurité, des experts internationaux de laviation, des fabricants dhélicoptères et des chefs de vol. Je suis devenu une éponge. Un ou deux moteurs, cest mieux? Parlez-moi de ce système de carburant. Quand un pilote doit-il dire « non » à un passager trop exigeant? Combien un aéronef spécifique peut-il soulever? Et, ainsi de suite. Je voulais absolument « bien faire les choses ». Au fil du temps, je me suis amélioré dans lélaboration de politiques, la formulation de conseils et, surtout, la mise en place dun réseau de personnes expérimentées à qui je pouvais faire appel pour obtenir leur avis. Lurgence initiale a cédé la place à une meilleure voie à suivre, mais jétais toujours préoccupé par le fait que je ne pouvais pas savoir quand le travail serait achevé. La crise était-elle terminée? Comment le saurais-je?

Pendant toutes ces années, je suis devenu assez bon à une chose. Je sais reconnaître une urgence quand jen vois une. Les indices sont clairs. Quelque chose nécessite une attention immédiate : tout le monde sur le pont. Une ou plusieurs personnes ayant des compétences spécifiques sont nécessaires pour y faire face. Elles doivent savoir exactement ce quil faut faire et comprendre à quoi ressemble le succès.

La vie réelle est, bien sûr, complexe et nuancée. Vous pouvez tomber et vous casser une jambe ou avoir limpression de faire une crise cardiaque. Vous navez probablement pas (ou peut-être que certains dentre vous ont) ce quil faut pour mettre un plâtre sur votre jambe ou vous remettre dun malaise cardiaque. Cest pourquoi il existe des ambulances, des hôpitaux, des médecins et des infirmiers. Si vous ne savez pas quoi faire, appelez quelquun qui le sait. Vous ne savez peut-être pas comment gérer la situation ou à quoi ressemble le succès, mais eux le savent. 

Jai aussi appris quil y a des indications évidentes tout au long du parcours pour aider à PRÉDIRE quand une crise ou une urgence pourrait se produire, si vous les cherchez. Une rallonge électrique effilochée et surchargée brûlera un jour ou lautre. Ce nest quune question de temps et de savoir ce qui prendra feu à ce moment-là. Alors réparez-la maintenant et évitez le désastre qui sannonce.

Nous sommes au bord de la crise. À ce moment de lhistoire, la société a décidé de sélectrifier autant que possible afin de réduire lutilisation des combustibles fossiles. Le camionnage, la production dénergie, les bâtiments et même les avions sont prêts à être propulsés par lélectricité. La technologie est-elle accessible? Pour la plupart, et les autres rattrapent le retard. Largent est-il accessible? Il semble que tous les gouvernements et les grandes entreprises privées aient déboursé de largent pour que cela devienne une réalité. Quel est donc le problème?

Le personnel. Il y a trop peu de travailleurs qualifiés et expérimentés pour transformer les rêves en réalité. Nombre dentre eux ont pris leur retraite, dautres se sont orientés vers des programmes universitaires et le codage informatique plutôt que vers les métiers et la gestion de la construction, et dautres encore ont changé dindustrie ou de profession à la suite de la récente pandémie. Il y avait cependant des signes avant-coureurs. Je me souviens quil y a 20 ans, nous discutions de limminence de la « vague grise » de départs à la retraite. Nous en parlons depuis deux décennies, et comment avons-nous réagi? Avons-nous changé les conversations dans les écoles secondaires concernant la belle vie quune personne peut avoir en devenant une personne de métier? Avons-nous doublé de façon dynamique le nombre de personnes inscrites à des programmes de formation? Avons-nous sérieusement réfléchi à lénorme volume de travail à venir et tenté de comprendre doù viennent les gens?

Il y a eu quelques tentatives, et des gens compétents qui font du bon travail, mais ce nest pas suffisant. Les résultats parlent deux-mêmes. Il y a toujours des réponses aux questions difficiles, si vous savez à qui vous adresser. Si nous travaillons ensemble, si nous réglons les détails et si nous prenons les mesures nécessaires, nous POUVONS y arriver. Or, si la nécessité de tout électrifier à la suite dune crise mondiale est véritablement une urgence, nous ferions mieux de commencer à agir en conséquence. 

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