L’arc électrique ne devrait pas être votre plus grande priorité!!

Becker 125

 

BeckerTerry Becker, P.Eng,. CESCP

20 juillet 2020

D’après mes constatations, on a remarqué au Canada et aux États-Unis une grande complaisance en matière de sécurité électrique au cours des trois à cinq dernières années.

“Aucun incident électrique ne s’étant produit, nous n’avons donc pas besoin d’en faire plus que nous l’avons fait, comme par exemple une étude d’incident énergétique, la pose d’étiquettes sur les équipements signalant les risques d’arc électrique et de décharge électrique, l’achat d’ÉPI contre les arcs électriques et la formation des électriciens il y a trois à cinq ans. Nous sommes donc en conformité.”

“Nous n’avons nul besoin de mettre à jour notre Programme de sécurité électrique qui est fondé sur l’édition 2015 de la norme CSA Z462 et qui est toujours valable.”

“Nous avons uniquement besoin d’un programme sur les arcs électriques.”

“Dans un courriel à tous les électriciens, j’ai envoyé notre politique à l’effet que nous ne travaillons pas en direct, que nous n’avons pas besoin d’un programme de sécurité électrique, ni de formation en ÉPI contre les arcs électriques.”

Un des obstacles de ce genre de déclarations comme défense devant les tribunaux est que la norme applicable dans le secteur au Canada, la CSA Z462, change tous les trois (3) ans et celle des États-Unis, la NFPA 70E, aussi.  Les politiques, pratiques et autres exigences de procédures 

de votre entreprise en matière de sécurité électrique et de travaux sous tension devraient également être actualisées tous les trois (3) ans et devraient concorder avec la dernière édition de la norme Z462 de la CSA pour assurer la diligence requise la plus efficace et la plus  défendable si cette entreprise fait face à un incident électrique. Une formation en matière d’arc électrique et de décharge électrique devrait également être fournie au moins tous les trois ans, voire plus souvent.

La mise en œuvre et la révision d’un programme de sécurité électrique conforme devrait être votre première priorité, comme le souligne la clause 4.1.6 de la CSA Z462 Programme de sécurité électrique. Il devrait également s’aligner sur la diligence requise par l’organisme de réglementation de la SST au Canada et aux États-Unis. Le certificat de reconnaissance (COR) pour les provinces confirme aussi l’importance d’élaborer, mettre en œuvre et réviser un Système de gestion en santé et sécurité au travail (SGSST).  Dans le cas des dangers et de l’évaluation du risque de l’arc électrique et de la décharge électrique, ce SGSST est un programme de sécurité électrique spécifique qui fonctionne en corrélation avec votre SGSST global pour tous les dangers dans le milieu de travail et se conforme aux exigences de la CSA Z462. 

De plus, le risque de choc électrique devrait être identifié et traité avec une priorité égale, voire supérieure, en ce qui a trait à l’identification du danger et l’évaluation des risques en relation avec les tâches sous tension et l’application de mesures de protection additionnelles au seul arc électrique. Sur le plan statistique, en Amérique du Nord (et certainement partout dans le monde  à mon avis) les chocs menant à une électrocution entraînent 99 % des décès lors d’incidents électriques.

J’ai déjà dit, par le passé, que les employeurs sont aveuglés par la “sensibilisation à l’arc électrique” ou la “formation à l’arc électrique” non conformes, qui se concentrent uniquement sur les dangers de l’arc électrique et négligent les risques du choc électrique, que les formateurs et les instructeurs utilisent une formation basée sur les craintes, utilisant beaucoup de vidéos, d’histoires et de désinformation, et n’incluant aucun contenu de formation pour réaliser une évaluation des risques pour les travaux électriques sous tension.

D’autres mythes et mauvaises informations continuent de se propager dans le secteur partout au Canada et dans certaines provinces comme l’Ontario :

  1. Il est illégal d’effectuer des travaux électriques sous tension !
  2. Nous devons détenir un Permis de travail électrique sous tension avant de pouvoir effectuer toutes les tâches du travail sous tension et ce permis doit porter la signature du PDG!
  3. Travailler sur du matériel électrique ayant une énergie incidente >40 cal/cm2 est “Dangereux” et “Aucun ÉPI n’existe”.
  4. Faire fonctionner de l’appareillage électrique sous tension exige le port d’ÉPI contre l’arc électrique.
  5. L’ÉPI contre l’arc électrique est identifié par un no (# ) de catégorie ou une “lettre” de Niveau qui remplace le HPC #.
  6. “Je suis le PDG et j’ai émis une politique pour tous les électriciens à mon emploi à l’effet que nous ne travaillons pas en direct!” “Nous n’avons pas besoin d’un programme de sécurité électrique.”
  7. Nous avons besoin d’un “Programme sur l’arc électrique”. Nous allons embaucher un ingénieur pour effectuer les calculs et nous fournir des étiquettes pour l’équipement risquant de provoquer un arc électrique. Ceci est notre “ Programme sur l’arc électrique”.
  8. “Nous avons acheté de l’équipement de protection individuelle contre l’arc électrique et avons envoyé les électriciens en formation; notre vigilance est bonne. Le superviseur n’a pas suivi la formation car il n’en avait pas le temps.”

Lacunes courantes liées à un programme de sécurité électrique :

  • AUCUN but, principe ni portée documentés sur les travaux électriques sous tension.
  • AUCUN rôle ni responsabilités documentés sur les travaux électriques sous tension.
  • AUCUN processus documenté pour permettre de réaliser l’évaluation des risques nécessaire. Les méthodes de gestion hiérarchique ou de contrôle des risques ne sont pas incluses.
  • AUCUNE politique documentée pour  les travaux électriques sous tension (par exemple : Établissement d’une condition sécuritaire de travail électrique sous tension, Flux de travail électrique sous tension, quand un Permis de travail électrique sous tension est exigé, Planification de la sécurité des travaux électriques sous tension, travailler seul, aucune politique en matière de bijoux, équipements analogues, vigilance, entretien ménager, espaces confinés, appareils portatifs branchés au moyen d’un cordon et d’une prise électriques, rallonges électriques et exigences pour les disjoncteurs de fuite de terre, etc.).
  • AUCUNE documentation ou renseignements limités quant à la spécification, l’acquisition, les inventaires, l’émission individuelle ou partagée, l’inspection avant utilisation, les soins, l’utilisation et l’entretien des ÉPI contre les arcs et les chocs électriques, les outils et équipements. Pas de contrôle de surveillance par le superviseur.
  • AUCUNE documentation définissant la formation en sécurité électrique, les personnes qui devrait en bénéficier et à quel moment (par exemple : aucun prototype de la formation en sécurité électrique). 
  • AUCUNE documentation sur la politique et la gestion du signalement des incidents électriques.
  • AUCUNE documentation associée aux interventions d’urgence en cas d’incident électrique. Précisément, de la documentation spécifiant qu’une victime de choc doit être immédiatement sortie et indiquant les trois étapes à suivre.
  • AUCUNE documentation sur la gestion des entrepreneurs.
  • AUCUNE documentation définissant les exigences en matière de vérification et un processus de vérification interne de la sécurité électrique.
  • AUCUNE documentation en ce qui concerne le Processus officiel de gestion du changement pour le matériel électrique sous tension.
  • La compétence en matière de sécurité électrique n’est pas validée.
  • AUCUN Programme formel en matière sécurité électrique comprenant toutes les exigences énumérées ci-dessus.

Je suis préoccupé par le fait que les employeurs nourrissent un faux sentiment de sécurité en croyant qu’ils font preuve de la diligence requise alors qu’en réalité, tout ce qu’ils ont fait est de former leurs électriciens aux risques électriques, ont installé sur l’équipement des étiquettes d’avertissement sur les dangers de l’arc électrique et des décharges et ont acheté des ÉPI contre l’arc et les décharges électriques. Il n’y a pas de politiques, pratiques et exigences procédurales documentées ni aucune documentation formelle remplie par les travailleurs du domaine (par exemple : Modèle de planification de la sécurité utilisé pour les travaux électriques sous tension).

J’ai hélas été impliqué dans plusieurs enquêtes portant sur des incidents électriques. Pour ce qui concerne la documentation, dans la majorité des cas, il n’y en avait aucune ou alors des documents non conformes à un programme de sécurité électrique. Il manquait de documentation sur la sécurité électrique sur le terrain, élaborée et signée par l’électricien qualifié avant le début des travaux électriques sous tension. Il n’y avait pas de politique documentée sur le Permis de travail électrique sous tension (EEWP) ni d’EEWP utilisé. Aucune procédure d’évaluation du risque n’avait été réalisée pour les tâches distinctes et le niveau de risque résiduel déterminé au moyen de méthodes de contrôle hiérarchiques appliquées sur le terrain. Dans certains cas, un décès en a résulté.

Établir un Programme de sécurité électrique conforme et assurer sa vérification régulière (par exemple : Vérification interne de la sécurité électrique chaque année et Vérification externe de la sécurité électrique au moins tous les trois ans) garantira que votre société fait preuve d’une diligence mesurable, soutenable et défendable.  Si vous n’avez pas de documentation ou de la documentation incomplète ou non conforme à votre entreprise, vos gestionnaires, superviseurs et employés risquent un contrôle de la SST en cas d’un incident électrique.

Pour un bénéfice favorable au risque de vos employés, veuillez faire le suivi et vous assurer que votre documentation est appropriée, à jour et valide. Au final, il s’agit en fait que le travailleur rente chez lui en étant sécuritaire!!

Transmettez vos questions ou commentaires par courriel à Terry Becker, P.Eng., CESCP, Membre senior de l’IEEE à terry.becker@twbesc.ca.

Terry Becker, P.Eng., CESCP, Membre senior de l’IEEE est le premier ancien vice-président du Comité technique de la norme CSA Z462 de sécurité électrique au travail et est actuellement membre votant et chef du groupe de travail pour la Clause 4.1 et les annexes. Il est également un membre votant sur la norme CSA Z463 Entretien des systèmes électriques ainsi qu’un membre votant sur le IEEE 1584 Guide for Performing Arc-Flash Hazard Calculations. Terry a présenté des conférences et des ateliers sur la sécurité électrique au Canada, aux États-Unis, en Inde et en Australie. Il est un Ingénieur professionnel en Alberta, en Colombie-Britannique, en Saskatchewan, au Manitoba et en Ontario. Il est un spécialiste de la sécurité électrique, un conseiller en gestion chez TW Becker Electrical Safety Consulting Inc. et il peut être joint au 587-433-3777 ou par courriel à terry.becker@twbesc.ca.

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