Une bonne dose de réel

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5_EIN-21-Sones-400.jpgKeith Sones

4 février 2018

Il arrive que la vie vous envoie une balle courbe. C’est parfois subtil et cela vous pousse dans une direction différente ou vous offre une option supplémentaire lorsque vous êtes sur le point de prendre une décision. Et souvent, cela vous frappe comme un train de marchandises, vous laissant en sueur et tremblant au bord de la voie ferrée. Pas d’avertissement, pas d’excuses. Mais puissant. C’est ce qui m’est arrivé en décembre et cela m’a permis de mieux comprendre.

Laissez-moi vous mettre en contexte. J’ai grandi dans le nord de la Colombie-Britannique où les hivers sont longs, très froids et le soleil peu présent. Le froid s’installait fin octobre et en décembre tout était complètement gelé. Durant mon enfance, j’ai lutté contre le froid à l’aide de couches de vêtements, de bottes, de tuques et de mitaines. En vieillissant et en découvrant ce que le monde avait à offrir, je me suis rendu compte qu’il y avait une meilleure façon de se réchauffer en plein cœur de l’hiver canadien : la vénérable création d’origine californienne connue sous le nom de « spa ».

Il m’a fallu de nombreuses années pour concrétiser le rêve de posséder un spa dans ma cour, et bien que l’installation ait été compliquée (électricien : « Vous n’avez pas assez de place dans votre panneau électrique, vous aurez besoin d’une nouvelle installation électrique ». Moi : « Aïe. D’accord ») et que cela m’ait coûté plus cher que prévu, je peux maintenant résister au froid hivernal en effectuant un sprint à partir de la porte arrière. Descendre dans l’eau à 103 degrés est incroyablement bon.

À la mi-décembre, avec la saison des tempêtes sur la côte ouest bien amorcée, j’ai décidé que la vie serait immédiatement bien meilleure avec une profonde immersion. Ma serviette dans un main et une tisane à l’hibiscus dans l’autre, j’ai fait le court trajet en direction du spa et me suis installé à mon endroit préféré. Les jets d’eau me martelaient le dos et le cou et la vapeur montait autour de moi tel un geyser de Yellowstone. Le paradis.

Bien qu’elle ne profite pas aussi souvent que moi du spa, mon épouse Rosanne m’a rejoint dans le spa et nous avons discuté des événements de la journée. Profitant de la chaleur et de l’évasion de la fraîcheur du soir, j’ai bu ma tisane et me suis adossé. C’est à ce moment-là que j’ai senti que quelque chose n’allait pas. Ma vision est devenue floue et je me suis senti étourdi même si je ne bougeais pas. Pensant qu’un peu d’air plus frais me ferait du bien, j’ai essayé de me lever avec l’intention de me pencher au-dessus du bord du spa et de respirer un peu. Je n’y suis pas arrivé. En retombant dans l’eau, je me souviens avoir vu les lumières violettes de la baignoire projeter une lueur sinistre à travers l’air empli de vapeur, puis… plus rien.

Je ne me souviens pas des 45 secondes suivantes. D’après ce que Rosanne m’a dit plus tard, elle m’a vu essayer de me tenir debout, a vu mes jambes plier et ma tête s’affaisser, puis elle m’a vu glisser sous l’eau. Au début, elle ne savait pas trop ce que je faisais, mais elle a vite compris que j’étais en détresse. Elle s’est donc lancée sur une distance de huit pieds et m’a tiré la tête hors de l’eau. Essayez d’imaginer son petit gabarit de 5 pi 3 po tenter d’extirper mon massif 6 pi 3 po et 210 livres hors de l’eau bouillonnante dans l’obscurité relative et vous comprendrez que ce n’est pas une mince affaire. Je repris lentement conscience, avec la douce lueur pourpre m’informant que j’étais de nouveau conscient. Sonné mais éveillé, Rosanne m’a aidé à sortir de l’eau et à rentrer dans la maison.

C’est un sentiment très étrange de rater même une petite partie de votre vie et encore plus inquiétant de ne pas savoir pourquoi. Je me suis trouvé dans le même spa des dizaines de fois et je me suis toujours senti bien. En réduisant les possibilités, je me suis rendu compte que la seule différence était la tisane à l’hibiscus. Des herbes dans de l’eau chaude ne sont pas la première chose à laquelle je pense quand je pense à un danger imminent, mais un peu de recherche m’a permis de découvrir que l’hibiscus est utilisé pour abaisser intentionnellement la pression artérielle. Il semble que la combinaison de la chaleur et de la plante à fleurs ait été à l’origine de l’expansion de mes artères et de la réduction de mon flux sanguin. Si Rosanne n’avait pas été là, c’était probablement la fin. Je n’avais vraiment pas vu cela venir.

Des situations simples peuvent causer de graves préjudices et vous ne pouvez pas tout prévoir.

Quelques jours plus tard et tout à fait rétabli, Rosanne, notre fils Hunter et moi-même sommes allés à Whitehorse (au nord du 60e parallèle pour ceux qui ne sont pas familiers avec la géographie canadienne) pour passer Noël avec notre fille Hollie. Elle avait déménagé dans la ville nordique plusieurs mois auparavant, acceptant un poste de superviseur en santé et sécurité pour une entreprise en construction. Nous attendions ce voyage avec impatience depuis quelque temps déjà, avec les aurores boréales, le traîneau à chiens et un Noël nordique traditionnel à l’horizon.

Le temps passé en famille a été très apprécié et m’a permis de me détendre un peu après une année bien remplie. La noirceur du nord était réconfortante, ce qui ajoutait encore au mysticisme hivernal du nord. Le 21 décembre, jour le plus « court » de l’année, est arrivé avec la promesse d’un sommeil prolongé et la possibilité d’un merveilleux spectacle d’aurores boréales.

Profondément endormi, je rêvais paisiblement lorsque mon téléphone sonna de manière intrusive. Jetant un coup d’œil à l’horloge et voyant qu’il était quatre heures du matin, je pris le téléphone portable et je n’ai pas reconnu l’identification de l’appelant. Généralement, je l’attribuais à un faux numéro provenant d’un fuseau horaire lointain et me rendormais. Mais comme j’étais maintenant réveillé, j’ai répondu.

Ma sœur était au bout du fil et a dit sur un ton grave, mais de façon claire : « Salut Keith. C’est Heather. Papa vient de mourir ».

Silence et chagrin. Mon père avait eu une vie longue et productive, ayant consacré la majeure partie de ses 90 ans à aider les autres. Il avait été reconnu à la fois bénévole et citoyen de l’année dans sa ville d’adoption, Dawson Creek, et il était décédé dans son sommeil. Au dire de tous, il a bien vécu. Mais tout cela n’enlève rien à la perte et à la reconnaissance du fait que si j’avais encore quelque chose à lui dire ou si je voulais passer plus de temps avec lui, il était maintenant trop tard.

Les jours qui ont suivi ont été une rude épreuve entre la mélancolie qui découle de la perte d’un être cher et le bonheur d’être avec ma famille à Noël. Un mélange d’émotions, c’est le moins qu’on puisse dire. Une perspective inattendue, en fait deux, se sont présentées à moi.

La première était que, suivant l’ordre naturel des choses, j’étais le suivant. Ma mère est décédée il y a plusieurs années et maintenant, il n’y a plus aucune barrière entre moi et la fin éventuelle, ce qui, je l’espère, aura lieu dans plusieurs années. Mais il n’existe aucune échappatoire à cet inévitable fait.

Ce qui m’amène à la deuxième constatation. Personne n’est éternel et si vous voulez accomplir quelque chose, particulièrement des choses importantes, vous disposez d’une période définie pour y arriver. Logiquement bien sûr, nous le savons, mais j’ai été vraiment surpris, même quelques jours après le décès de mon père, de constater avec émotion que je ne l’avais jamais accepté. Tant qu’il était en vie, une partie de mon esprit me disait que j’étais invincible et que je vivrais pour l’éternité.

Contrairement à mon père, je n’ai pas consacré ma vie à gérer des banques alimentaires, à soutenir les centres d’hébergement pour femmes et à héberger les malheureux. J’ai certainement contribué à des causes louables en enseignant aux enfants et en faisant du mentorat lorsque cela était possible. Mais même si nous pouvons faire n’importe quoi, nous ne pouvons pas tout faire. Mon parcours a été différent, l’accent a été mis sur le secteur de l’électricité à haute tension et à essayer d’apporter le plus de valeur possible avec des idées d’amélioration, faire passer le message concernant la sécurité et engager des discussions sur la réduction des coûts. Et maintenant, je sais autre chose avec certitude et une toute nouvelle limpidité. Si nous voulons faire évoluer ce secteur et nous attaquer aux grands problèmes tels que l’intégration des énergies renouvelables, résoudre le problème des actifs en panne du réseau et rajeunir un système électrique de plusieurs milliards de dollars, tout en maintenant les coûts en adéquation avec la capacité du consommateur à régler la facture, le temps joue contre nous.

Les problèmes sont généralement bien connus, mais les solutions sont plus problématiques. Les services publics de l’avenir ressembleront-ils à ceux d’aujourd’hui ou y aura-t-il une série de microréseaux autonomes? Qui paiera pour les mises à niveau essentielles du réseau? Allons-nous créer un fossé entre les bien nantis et les démunis en termes d’énergie? Les coûts de l’énergie éolienne et solaire continueront-ils à diminuer faisant en sorte qu’ils seront omniprésents dans quelques années, comme les téléphones portables? Pouvons-nous réduire le coût de l’électricité tout en maintenant l’incroyable fiabilité dont bénéficient les pays développés?

Heureusement, il existe des réponses à ces grandes questions et l’avenir est bel et bien prometteur. Mais seulement si nous discutons, analysons, acceptons et agissons. Et maintenant.

Les générations précédentes nous ont laissé un réseau électrique en héritage, souvent appelé l’exploit d’ingénierie le plus important de l’histoire. Cela nous a apporté de nombreux autres avantages : l’accès aux médicaments, des vies plus longues, du confort, de l’eau chaude courante, etc. Il faut maintenant concevoir et gérer la prochaine phase. Alors discutons.

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